Dates clés
Centrafrique
dix ans de violence
1997 — 2007
1997
Première intervention de Médecins Sans Frontières en Centrafrique
Les équipes MSF fournissent des soins maternels à Bangui et viennent en aide aux personnes déplacées ainsi qu’à celles qui fuient les pays voisins.
2003
Coup d’État de François Bozizé
Le 15 mars 2003, après des mois d’affrontements et de violences contre la population, François Bozizé, ancien chef d’état-major des armées, et ses troupes renversent le président Ange-Félix Patassé : ils prennent le pouvoir à Bangui. C’est le sixième coup d'État depuis l’indépendance du pays.
2004 - 2007
Première guerre civile
En 2005, Bozizé gagne les élections présidentielles après plusieurs reports. De nouveaux groupes rebelles se créent : l’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie (APRD) dans le nord-ouest du pays et l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) dans le nord-est. L’armée intervient en 2006 et 2007 pour soutenir le régime de Bozizé. Des violences massives éclatent, entraînant des déplacements de population. Les équipes MSF prennent en charge les victimes et lancent de nombreuses activités médicales d’urgence à travers le pays.
2008 — 2012
2008
Signature des accords de Libreville entre le gouvernement et les rebelles de l’APRD et de l’UFDR
Toutefois, les combats reprennent rapidement et de nouveaux groupes armés apparaissent. En septembre, une loi d’amnistie est votée concernant tous les crimes de guerre commis depuis 1999. Puis, en décembre, un dialogue inclusif réunit notamment l’ensemble des groupes armés, les partis d’opposition et l’ancien président Patassé.
janvier2011
Réélection de François Bozizé à la tête du pays
Reporté à deux reprises, le scrutin reconduit dès le premier tour François Bozizé, devant l’ex-président Patassé et l’ancien premier ministre Martin Ziguélé, une victoire dénoncée par l’opposition qui pointe des fraudes et des dysfonctionnements.
décembre2011
MSF alerte sur l’état d’urgence médicale dans lequel se trouve le pays. Les résultats des enquêtes épidémiologiques menées dans plusieurs régions indiquent une surmortalité importante, supérieure au « seuil d’urgence ». À Carnot, le taux de mortalité global est évalué à 3,7 décès pour 10 000 personnes par jour et à 7 chez les enfants de moins de cinq ans ; soit en moyenne 35 enfants décédant chaque jour depuis le début de l’année 2011.
fin2012
Plusieurs groupes rebelles, principalement issus du nord du pays, se regroupent au sein de la coalition Séléka. Ils lancent une offensive et prennent le contrôle de la majorité du territoire, se rendant coupables de pillages et de nombreuses exactions. Des milliers de personnes fuient en brousse ou à Bangui. Les équipes MSF lancent des activités d’urgence et maintiennent leurs activités hospitalières, notamment à Ndélé, Kabo et Batangafo, trois villes touchées par les violences.
2013 — 2014
24 mars2013
La Séléka s’empare de Bangui et renverse François Bozizé
Michel Djotodia devient président en avril. C’est la fin de la deuxième guerre civile centrafricaine, qui s’étale entre 2012 et 2013, et très vite le début de la troisième. Les affrontements dans Bangui font de nombreux morts et blessés, dont certains sont soignés par les équipes MSF à l’Hôpital Communautaire.
août2013
Déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA)
Les Anti-balaka, composés de milices d’autodéfense villageoises et d’anciens membres de l’armée, majoritairement chrétiens et animistes, se constituent pour s’opposer aux combattants de la Séléka, majoritairement musulmans.
5 décembre2013
Déploiement de l’opération Sangaris par la France, à la suite du vote de la résolution 2127 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, portant sur la désescalade du conflit et la protection des civils. Le même jour, les Anti-balaka lancent une attaque à Bangui qui donne lieu à une guérilla urbaine et à des violences extrêmes. L’hôpital de l’Amitié est attaqué, pillé, et des patients y sont tués.
« Nos équipes ont effectivement vu une dizaine de cadavres allongés devant l’hôpital [de l’Amitié] (...) Environ 260 blessés ont été pris en charge entre le 5 et le 8 décembre. La plupart présentent des blessures par arme à feu ou arme blanche (machettes et couteaux). Un peu plus de 100 personnes sont actuellement hospitalisées. »
Communiqué de presse de MSF
9 décembre 2013
janvier2014
Démission de Michel Djotodia
Catherine Samba-Panza est élue par le Parlement et un gouvernement transitoire est formé. Dans le sillage du retrait des forces de l'ex-Séléka, qui continuent de piller et tuer, des milices anti-balaka s’en prennent aux communautés de confession musulmane et encouragent ou dirigent des massacres. C’est le début d’un exode massif, notamment dans la partie ouest du pays. Des zones de transit se mettent en place où des milliers de civils musulmans, qui espèrent fuir, se retrouvent piégés et menacés.
1er février2014
Violences intercommunautaires à Carnot, dans l’ouest du pays
Près de 1 000 personnes, majoritairement de confession musulmane, se réfugient à partir de mars 2014 dans l’enceinte de l’église catholique de Carnot, cernées et menacées par des groupes anti-balaka. Les équipes MSF fournissent des soins médicaux sur place et escortent les personnes ayant besoin de se rendre à l’hôpital.
« Le 7 février, un groupe a investi une maison dans laquelle 86 déplacés - hommes, femmes et enfants, tous musulmans - étaient cachés : sept hommes ont été exécutés et trois personnes blessées, dont un enfant âgé de 12 ans, à coups de machette (...) À plusieurs reprises, des hommes armés sont entrés dans l’enceinte de l’hôpital de la ville où nous travaillons, soit pour assassiner des patients, notamment peuls, soit pour s’en prendre aux quelques déplacés qui vivent là. Les équipes de l’hôpital ont à chaque fois dû s’interposer. »
Communiqué de presse de MSF
11 février 2014
mars2014
Entre décembre 2013 et mars 2014, les équipes MSF traitent plus de 4 000 blessés à travers le pays.
26 avril2014
16 civils dont trois employés de MSF sont tués par des membres armés de l’ex-Séléka lors d’un vol à main armé dans l'hôpital de Boguila. Entre décembre 2012 et avril 2014, le personnel de MSF en Centrafrique est victime de 115 incidents, dont 31 vols à main armée.
août2014
Epicentre, satellite de MSF dédié à l'épidémiologie et à la recherche, publie une enquête réalisée auprès des Centrafricains réfugiés à Sido, au Tchad : 8% des membres des familles interrogées, soit 2599 personnes, sont mortes en Centrafrique ou lors de leur exode. En quelques mois, la moitié ouest du pays s'est vidée de la majorité de ses habitants musulmans.
2015 — 2019
mai2015
Forum national de Bangui
Il débouche sur plusieurs mesures portant sur le DDR (Désarmement, Démobilisation et Réintégration), le report de l’élection présidentielle et la prolongation du gouvernement de transition jusqu’à la fin de l’année. Des mécanismes de justice et de réconciliation ouvrent notamment la voie à la création de la Cour Pénale Spéciale pour les crimes de guerre perpétrés depuis 2003. Les violences, de moindre intensité, se poursuivent, y compris à Bangui.
février2016
Élection de Faustin-Archange Touadéra
Après l’adoption d’une nouvelle Constitution en décembre 2015, Faustin-Archange Touadéra, ancien premier ministre, est élu avec 62% des voix à l’issue du deuxième tour.
octobre2016
Fin de l’opération Sangaris
La sécurité se détériore à nouveau dans le nord et dans l’est du pays à la suite d’affrontements entre plus d’une douzaine de groupes armés, incluant des factions issues de la Séléka et des Anti-balaka, parfois alliées. Ces groupes contrôlent toujours une grande partie du territoire national et de ses ressources, comme l’exploitation des ressources minières, des couloirs de transhumance et des axes de commerce, depuis des fiefs comme Ndélé, Bambari, Bria. Leurs exactions nourrissent un cycle de vengeance et de représailles.
« De violents combats ont éclaté tôt samedi matin dans la ville de Bangassou (...) En l’espace de quelques heures, MSF a reçu 21 blessés. Une partie des habitants a fui la ville, mais les autres sont barricadés dans leur maison ou ont trouvé refuge dans des lieux qu’ils espèrent sûrs. Il est pour l’instant impossible d’avoir une idée précise du nombre de victimes car l’intensité des combats empêche tout mouvement dans le centre-ville. »
Communiqué de presse de MSF
13 mai 2017
19 juin2017
Signature des accords de paix de Sant’Egidio à Rome entre 13 groupes armés
Les signataires s’engagent à « la mise en place immédiate d’un cessez-le-feu sur tout le territoire national ». Pourtant, dès le lendemain, la ville de Bria où cohabitent plusieurs groupes armés - dont des factions du FPRC, de l’UPC et des milices anti-balaka, chacune prétendant défendre les intérêts d’une communauté - s’embrase.
« Des tirs intenses ont commencé à 6 heures. À 9h30, nous avions déjà reçu 35 blessés à l’hôpital, essentiellement des blessures par balle (...) Environ 41 000 personnes, soit plus de 85% des habitants de la ville de Bria, ont fui leur foyer. La majorité de ces nouveaux déplacés ont rejoint le site de PK3, où ils espèrent être en sécurité. Le site a été aménagé pour 3 000 personnes suite aux combats de novembre 2016 ; il en abrite aujourd’hui 25 000. »
Communiqué de presse de MSF
20 juin 2017
avril - mai2018
Journées de violences à Bangui
Le dimanche 8 avril, une opération conjointe des forces de sécurité centrafricaines et internationales ciblant des groupes armés locaux dans le quartier de PK5, poumon économique de la ville et abritant principalement des habitants de confession musulmane, débouche sur des affrontements qui font des dizaines de victimes. Le 10 avril, les combats reprennent et les blessés affluent vers les structures de santé de la ville. 64 d’entre eux, principalement blessés par balles, sont pris en charge par les équipes MSF de l’hôpital SICA sur ces deux journées. Le 1er mai, une nouvelle vague de violence secoue la capitale, et particulièrement les quartiers de Fatima et de PK5. Une vingtaine de personnes décèdent dans l’attaque de l’église de Fatima. Plus de 70 blessés sont soignés à SICA en l’espace de quelques heures.
mai - juin2018
Escalade des violences à Bambari
La découverte de deux personnes tuées en bord de route met le feu aux poudres à Bambari, pourtant déclarée « libérée des armes » un an plus tôt à la suite des opérations de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA), qui avait repoussé les groupes armés à l’extérieur de la ville.
« Le matin du 15 mai, nous avons entendu des coups de feu dans toute la ville et les blessés ont commencé à arriver à l’hôpital. Des familles entières ont été blessées par balles. Pendant une semaine, Bambari était en état de guerre. De la mi-mai à la mi-juin, 36 personnes ont été blessées, mais nous pensons que le nombre de victimes est bien plus élevé, car de nombreuses personnes n’ont pas pu atteindre l’hôpital. »
Communiqué de presse de MSF
29 juin 2018
6 février2019
Accord de Paix et de Réconciliation entre le gouvernement et 14 groupes armés
Cet accord, facilité par l’Union africaine, prévoit notamment la création d’unités spéciales mixtes de sécurité, composées d’éléments issus des groupes armés et des forces régulières, ainsi que la formation d’un « gouvernement inclusif », entre autres mesures.
2020 — 2023
décembre2020
Création de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC)
La CPC regroupe plusieurs groupes armés unis contre le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, alors que la population est appelée à élire son président le 27 décembre.
Plusieurs lignes de front s’ouvrent sur les axes reliant Bangui aux villes de provinces ainsi que dans plusieurs localités telles que Bambari, Bangassou et Bouar. Les affrontements opposent les forces de la CPC à celles du gouvernement, soutenues par la MINUSCA ainsi que par des renforts militaires russes et rwandais.janvier2021
Les forces de la CPC aux portes de Bangui
Le 13 janvier, une attaque de la CPC est repoussée par les forces gouvernementales et leurs alliés dans le quartier PK12, situé en banlieue de Bangui, tandis que le sud-est de la capitale, notamment le quartier Boy-Rabe, bruisse de rumeurs d’infiltrations des éléments de la CPC. Faustin-Archange Touadéra est déclaré réélu avec 53% des votes à l’issue d’un premier tour contesté. Plus tôt dans le mois, des membres de la CPC attaquent et prennent le contrôle de Bangassou, provoquant la fuite de plus de 10 000 personnes traversant la rivière Mbomou pour se réfugier en République démocratique du Congo. Des combats intenses se déroulent également à Bouar, située sur un axe routier stratégique pour l’approvisionnement de Bangui.
« Plus de 8 000 personnes ont été forcées de quitter leurs habitations [à Bouar]. Près de la moitié sont actuellement installées dans l’ancienne cathédrale de la ville (...) Ceux qui ont décidé de rester sont victimes d’enlèvements, de vols et d’extorsions par des hommes armés qui contrôlent désormais une partie de la ville. Ces violences n’ont pas épargné les humanitaires qui ont été victimes de nombreux pillages. »
Communiqué de presse MSF
26 janvier 2021
La contre-offensive militaire du gouvernement centrafricain, appuyée par des supplétifs russes, a permis à l’État de reprendre le contrôle des principales villes et axes du pays. Repoussés en périphérie et affaiblis, les groupes armés conservent néanmoins des capacités de nuisance, et les deux camps sont régulièrement accusés d’exactions.
juin2021
Destruction d’un camp de déplacés à Bambari
Le camp d'Élevage, situé à la périphérie de Bambari et créé en 2013, est réduit en cendres à la suite d’affrontements entre forces gouvernementales et éléments de la CPC. Le site, où se trouvait un poste de santé MSF, abritait 8 500 personnes.
mars2022
Arrestation au Tchad d’un ancien leader des Anti-balaka et de la CPC, ministre en 2019
Il est transféré par le Tchad à la Cour Pénale Internationale, à la Haye aux Pays-Bas, pour y être traduit en justice.
30 mars2022
Les Nations Unies dénoncent des exactions commises à la fois par les groupes rebelles et par les forces gouvernementales, ainsi que leurs soutiens étrangers et notamment russes. « Les opérations militaires auraient donné lieu à de graves violations des droits de l’Homme (...) Des meurtres, des violences sexuelles ainsi que de graves abus à l’encontre d’enfants ont été allégués contre toutes les parties. »
19 avril2022
La Cour Pénale Spéciale ouvre son premier procès à Bangui contre trois membres d’un groupe armé accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ils sont condamnés en novembre 2022 à des peines allant jusqu’à la réclusion à perpétuité.
25 juillet2022
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme publie deux rapports sur des événements survenus en Centrafrique entre 2020 et 2022, et pouvant être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le premier fait état « d’une attaque brutale et organisée contre un village par une milice pro-gouvernementale », tandis que le second décrit comment des groupes armés spécifiques ont perpétré « des actes récurrents de violence sexuelle, de manière systématique et généralisée. »
En 2023, près de 3 000 personnes, en grande majorité centrafricaines, composent les équipes de Médecins Sans Frontières dans le pays. Elles proposent de nombreuses activités médicales comme la pédiatrie, la chirurgie traumatologique ou encore la prise en charge du VIH/Sida. Chaque année, environ 900 000 consultations sont réalisées à travers ces projets, en partenariat avec les autorités de santé.